Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
âme-Stram-Gram
15 juillet 2014

Permission accordée

Juillet  

J'ai une permission d'un mois, avant d'attaquer la radiothérapie, que je compte mettre à profit pour rejoindre mon homme en Guyane. Un déménagement nous attend. La maison que l'on occupait à titre provisoire est vendue et nous avons trouvé, enfin mon homme surtout, une petite perle, nichée dans un écrin de verdure à deux pas de la grande ville. Il s'agit maintenant de s'y installer.

 

4 le jardin

 

10 terrasse SAM

 

6 la piscine

 

Les billets sont pris depuis la dernière chimio et le feu vert de l'oncologue. Autant dire que j'attendais cette permission avec impatience.

Je range la petite maison de mes parents, je ferme les volets bleus et je saute dans un avion deux jours après ma chimio, pas encore d'effets secondaires à ce moment-là, cela me laisse le temps d'arriver.

Le retour au bercail est bizarre. Tout me semble étranger dans ma maison, je cherche des choses que j'ai pris l'habitude d'utiliser en métropole, j'ai l'impression d'être juste invitée le temps de vacances, je n'arrive pas à retrouver mes repères. 

Finalement le déménagement tombe bien, une sorte de nouveau départ. Je suis là juste au bon moment pour réinvestir de nouveaux lieux, organiser l'espace, préparer certains travaux de décoration. Même si je ne m'y installe pas pour de bon dès cette fois au moins j'aurai de quoi me projeter pour mon prochain retour.

Le climat est dur. J'avais perdu l'habitude, depuis le temps, de cette chaleur moite.

La cortisone est encore bien présente dans mon corps et je gonfle, le visage, les chevilles, je suis bouffie. Mes cicatrices travaillent, rougissent, deviennent sensibles. Je ne supporte plus du tout ma perruque que j'échange contre un foulard noué, mais même ça c'est difficile à supporter. Tant pis, dès que je peux j'expose mon crâne où un duvet repousse depuis un bon mois. Cela ne ressemble pas encore à des cheveux, et j'ai l'impression d'être un oiseau tombé du nid, mais au moins j'ai moins chaud.

Les amis en profitent aussi pour nous inviter, et nous arrosons notre nouvelle maison.

Une fois passés les symptômes les plus gênants, nous décidons même d'organiser une excursion, dans un coin que je ne connais pas encore. Magnifique week-end nature et rencontre avec des paresseux. Cela me donne encore un but pour en finir rapidement avec les traitements et revenir explorer mon nouveau territoire ...

 

P1010471 (Copier)

 

P1010480 (Copier)

 

P1010516 (Copier)

 

Mais déjà la fin du séjour s'annonce. Mon homme repart avec moi pour passer le mois d'Août en france.

J'ai rendez-vous le 23 juillet pour enlever le port à cath avant de commencer les séances de rayons. Dernière ligne droite.

 

 

 

Corps étranger

 

J’ai bien cru à la dernière visite de l’oncologue que je devrais garder cet accessoire, juste au cas où il y aurait récidive comme ils disent. Mon cri du cœur a dû être suffisamment explicite pour que finalement on convienne d’un rendez-vous libératoire juste avant de commencer les séances de rayons.

Devoir affronter à nouveau une table d’opération n’est rien par rapport à la joie de voir enlever ce corps étranger qui s’incruste dans ma chair. Il me gêne dans mes mouvements, dans mon sommeil, pour m’habiller, me déshabiller. Tiens, je serais prête à le faire enlever sans anesthésie même … enfin, pas sûre. Déjà  là avec l’anesthésie locale je commence à stresser !

Bon de toute façon, je l’ai déjà prouvé à maintes reprises, je suis tout à fait capable de m’auto anesthésier … et encore une fois je ne déroge pas à mon habitude de tourner de l’œil en pleine action.

 

Ils sont trois à s’affairer autour de moi. Trois dont je ne vois que les yeux au-dessus des masques. Trois qui discutent les dernières actualités, discussion de comptoir. Puis arrivent les échanges sur les conditions d’exercice et les permanences à l’hôpital. Là encore il s’avère que je suis entre les mains d’internes, de vacataires, au secours, la Santé a morflé tout autant que l’Education ces dernières années …

Mais bientôt une odeur de cochon grillé me fait réaliser que c’est ma propre chair qu’on charcute, mes veines qu’on est en train de cautériser après les avoir délivrées de cette chambre artificielle implantée …  c’en est trop pour moi.

Je me réveille alors que deux des intervenants en finissent avec les coutures et que le troisième tente de me faire parler pour détourner mon attention tout en maintenant mes jambes surélevées pour favoriser le retour à la normale. Décidément je n’en rate pas une.

Voilà, une belle balafre genre maxi morsure au creux de l’épaule qu’il va falloir panser et oindre pendant quelques jours. Mais déjà, au-delà de la douleur qui se réveille, je me sens libérée d’un poids énorme. Etonnant comme une si petite chose peut sembler peser aussi lourd.

 

Tatouage

 

Encore un nouveau tatouage ? Oui, mais non … celui-là n’a aucune visée esthétique, aucun symbolisme. D’ailleurs il est réduit à sa plus simple expression. Deux petits points, distants de quelques centimètres, de part et d’autre du sein qui va maintenant être irradié.

La première séance consiste donc en un repérage précis de la zone à traiter. C’est d’autant plus important dans mon cas qu’il s’agit du sein gauche et qu’au-delà des risques pour les poumons lors des manipulations, il y a aussi le cœur qu’il faut éviter.

C’est aussi la séance la plus longue. Allongée sur une table, tête tournée, bassin à plat, épaules désaxées, un bras levé, jambes rendues, on pourrait presque imaginer que c’est l’œuvre d’un chorégraphe fou. Plus prosaïquement il s’agit de définir la position adéquate pour la délivrance optimale des rayons. Les manipulateurs déterminent ainsi mon profil, position, technique, dosages, afin de l’automatiser pour les trente-trois séances à venir.

 

 

Demandez le programme !

Ah, oui, parce qu’au  rendez-vous préalable avec  la radiothérapeute je viens d’apprendre que ce n’est pas vingt-cinq séances comme initialement annoncé, mais bien trente-trois qui sont au programme. Le protocole de base n’avait pas intégré les huit dernières séances d’irradiation plus précise. Bon, un peu plus un peu moins. Rapide calcul, à raison d’une séance quotidienne, 5 jours par semaine, avec le 15 août férié, sans compter les aléas de panne des machines, cela me mène au 10 septembre. Je ne pourrai rentrer chez moi qu’après. Il va falloir que je décale mon billet de retour.

Le pire étant que pendant toute cette période je ne vais pas pouvoir m’éloigner à cause de ce rendez-vous quotidien. Je ne bénéficierai  que des permissions du week -end, et encore de toute façon pour quoi faire ? Impossible de se baigner, et encore moins de s’exposer au soleil. Bref, de belles vacances en perspective. Tant pis, cette année est une année pourrie,  je me rattraperai plus tard …

Par contre le centre est à une bonne trentaine de kilomètres de la maison de vacances de mes parents. Même pendant les congés, avec la circulation, il me faudra au moins quarante-cinq minutes pour traverser la grande ville dans un sens, puis dans l’autre, pour une séance de quelques minutes de rayons. Pour la chimio de façon ponctuelle toutes les trois semaines cela ne posait pas trop de problèmes et avec des séances de plusieurs heures le trajet était rentabilisé si je puis dire. Là je ne me vois pas faire ces allers retours tous les jours. J’ai donc trouvé un studio dans une maisonnette indépendante, dans un jardin à proximité du centre. Cela me permettra de me poser, au calme, de continuer à étaler mes affaires pour peindre, tout en limitant mes déplacements. Le week-end je rejoindrai mes parents qui viennent en vacances et la tribu des neveux et nièces. La solution est plus vivable pour tout le monde. Une fois mon homme parti en visite dans sa famille en Bretagne me voilà revenue dans la peau d’une étudiante ! 

 

 

studio (Copier)

 

P1000230 (Copier)

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
âme-Stram-Gram
  • Ma vie vient de prendre un nouveau tournant, j'ai un cancer. Ma réalité est bouleversée, mes projets sont suspendus. Ce voyage là sera long et semé d'embûches, comme au temps des grands navigateurs, c'est donc un carnet de bord que je me propose de tenir
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 2 056
Pages
Publicité